P. Jim Greene : le grand privilège de faire partie de Solidarity with South Sudan

22/07/2020

Notre plus grand défi se situe dans le domaine du personnel

En 2006, à l'invitation de la Conférence des évêques catholiques du Soudan, une délégation de l'UISG et de l'USG a observé les besoins criants du Soudan du Sud. Suite à cela, les deux Unions ont fondé, en 2008, Solidarity with South Sudan , qui représente pour la vie religieuse un paradigme nouveau et particulier : plus de 200 congrégations du monde entier se réunissant pour collaborer.

P. Jim Greene MAfr est le Directeur exécutif de Solidarity with South Sudan. Il a eu l'amabilité de répondre à nos questions et de nous offrir un témoignage personnel sur la réalité de ce pays et les besoins actuels du projet.

Pouvez-vous nous parler de la réalité actuelle du Soudan du Sud ?

L'année 2020 a été très dure pour tout le monde, mais elle a été particulièrement dure au Soudan du Sud, un pays qui, ayant un système de santé, dans le meilleur des cas, rudimentaire et sous pression, a du mal à faire face à la COVID 19. D'après les statistiques officielles, le virus serait à peine présent dans le pays, mais le nombre de tests effectués étant très réduit, personne ne sait quelle est la vraie étendue de la propagation.
Au malaise que suscite la COVID 19 s'ajoute une fragilité politique et économique. Avec la fermeture imposée des entreprises et du commerce, les gens ordinaires ont beaucoup de mal à trouver leur « pain quotidien » pour eux-mêmes et pour leur famille. Il y a un retour à la politique de la corde raide de la part des divers partis qui composent le gouvernement d'union. Le résultat est une certaine déception et frustration pour beaucoup face à l'incapacité du gouvernement d'assurer au pays la sécurité, les services de base et la justice. La loi, l'ordre et la sécurité sont pris en main par la population, ce qui entraîne des violences interethniques à de nombreux endroits. Heureusement, Solidarity with South Sudan a jusqu'ici échappé aux pires aspects de cette situation.

Depuis 2008, Solidarity with South Sudan est activement engagée dans le pays. Combien de religieux sont actuellement présents sur le terrain ?

Actuellement, nous comptons vingt religieux et un membre laïc dans le pays travaillant dans le cadre de quatre projets et dans l'administration centrale de Solidarity. Parmi ces membres, nous avons 6 hommes et 14 femmes, venant de 14 congrégations religieuses différentes. Cela fait partie de ce mélange « magique », au sein de Solidarité, de membres venant de tous les continents, de contextes spirituels différents, ayant des spécialisation diverses, vivant ensemble dans des communautés religieuses d'hommes et de femmes.

Présente au Soudan du Sud depuis 2008, Solidarity considère que sa mission consiste à éduquer et former les autres, qu'il s'agisse d'infirmiers, d'obstétriciens, d'enseignants, d'agriculteurs ou d'agents pastoraux. Nous prenons des personnes venant de chaque diocèse du pays, ainsi que des monts Nouba et de la région d'Abyei. L'idée est que, en formant les personnes à servir les autres, nous aidons non seulement celles-ci, mais aussi, à travers elles, les autres. C'est une aide à la personne et en même temps un renforcement des capacités dans le plus jeune État africain. Nous visons à donner une excellente éducation technique, mais aussi, ce qui n'est pas moins important, à inculquer les valeurs de la tolérance mutuelle, du respect et de la réconciliation. Jusqu'ici, nos efforts ont été loués par les ministres du gouvernement et par les responsables des hôpitaux, des écoles et de l'Église.

Vingt religieux et un membre laïc .... de 14 congrégations religieuses différentes. Ce mélange de différentes formations spirituelles, ainsi que des compétences et des spécialisations individuelles pourrait être appelé une sorte de «magie».

Voulez-vous partager avec nous votre expérience personnelle en tant que membre de ce projet prophétique ?

En ce qui me concerne, je suis devenu membre de Solidarity début 2019, et j'ai eu la chance de visiter plusieurs fois tous nos projets. Une de mes activités préférées, c'est assister aux cérémonies de remise des diplômes ! Ces occasions sont non seulement joyeuses, elles permettent aussi de saisir réellement le parcours fait par les jeunes Sud-Soudanais. Vous y rencontrez des jeunes filles et des jeunes hommes qui, contre toute attente dans leur culture, ont suivi une formation intensive pour devenir enseignants ou infirmiers. Certaines femmes sont des épouses et des mères et maintenant attendent avec impatience de rentrer chez elles pour voir leur mari et leurs enfants pour la première fois depuis 2 ou 3 ans, ayant en main un certificat approuvé par le gouvernement. Cela en dit long sur la contribution que Solidarité leur apporte, à elles et à leurs communautés, et sur la valeur que les jeunes Sud-Soudanais accordent à l'éducation. C'est un grand privilège que de pouvoir aider ainsi les personnes.

Dernièrement, un de nos membres a visité un poste de mission diocésain très éloigné, près de la frontière éthiopienne, où se trouve un petit dispensaire. La seule infirmière qui y est employée avait obtenu son diplôme quatre ans auparavant dans notre centre de formation. Elle a parlé de son bonheur d'être dans un endroit isolé et de pouvoir aider les personnes à se porter mieux. La semaine précédente, elle avait aidé une femme vivant un accouchement difficile qui aurait pu, autrement, se terminer de façon tragique. Des histoires comme celles-ci nous aident à comprendre que si la formation technique est importante, il est tout aussi essentiel de transmettre les valeurs du service et de l'attention aux autres. C'est aller au cœur de la mission de Solidarity. 

Nous continuons à demander des fonds supplémentaires car nous sommes à court d'argent. 

Cependant, notre plus grand défi se situe dans le domaine du personnel

Récemment vous avez lancé un appel urgent à tous les Conseils généraux au nom du Comité directeur de Solidarity with South Sudan. Quels sont, en ce moment, les défis les plus importants pour ce projet ?

La pandémie nous a durement touchés cette année sur le plan financier. Certains de nos donateurs recentrent leurs efforts sur des besoins plus proches de chez eux, ce qui nous laisse avec un déficit important en termes de financement. Solidarity a récemment lancé un appel spécial aux congrégations religieuses demandant une aide financière, et nous sommes très heureux de la réponse généreuse que nous avons reçue. Toutefois, nous continuons à demander des fonds supplémentaires car nous sommes à court d'argent. Avec la fermeture de nos instituts en mars 2020, et maintenant en prévision de leur réouverture, nous avons encouru des coûts financiers supplémentaires importants. La grande majorité de nos étudiants doivent faire un ou deux voyages en avion pour arriver dans nos instituts, en raison de l'insécurité des déplacements par la route. Nous devons prévoir de nombreux dispositifs supplémentaires en matière de santé et de sécurité pour les aider à vivre et à étudier dans un environnement sûr. Tout cela nécessite des fonds supplémentaires.

Cependant, notre plus grand défi se situe dans le domaine du personnel. Il nous manque actuellement 5 à 6 personnes pour occuper divers postes clés, que ce soit comme administrateurs, agronomes ou professionnels de la santé, formateurs d'enseignants ou formateurs pastoraux. Pour la première fois dans l'histoire de Solidarité, nous envisageons de fermer des projets. Ce n'est pas à cause de l'insécurité mais parce que nous n'avons pas le personnel nécessaire pour assurer leur continuité. Solidarité est l'enfant de l'USG/UISG, et nous avons besoin de l'aide de nombreuses congrégations pour trouver le personnel adéquat pour nos projets. Tous les efforts sont déployés pour former le personnel local, mais cela prend du temps et, à ce stade de notre développement, nous avons encore besoin de personnel religieux engagé et qualifié pour donner forme à nos projets et les aider à se développer, avant de les confier à d'autres formes de propriété au sein de l'Église.

Prenez au sérieux, je vous en prie, cet appel qui vient du cœur. La pandémie de COVID nous a tous amenés à avoir une attention pour notre propre personnel et à considérer les difficultés de déplacement. Qu'elle nous amène maintenant à prendre soin d'une partie de la vigne du Seigneur, dont le sol est fertile mais qui a besoin de plus d'ouvriers. 

Si vous souhaitez faire un don, contactez la responsable du bureau de Solidarity with South Sudan à Rome, Claudia Nicolò :
cnicolo.solidarity@gmail.com

Si vous souhaitez contribuer sous forme de personnel, contactez P. Jim Greene: 
sssjuba@gmail.com

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